La Semaine Sainte à Delia

5 Minutes de lecture

La Semaine Sainte à Delia représente un moment de foi profonde et de tradition populaire, ancrée dans un passé lointain.

Cette coutume remonte au moins au milieu du XVIIIᵉ siècle, comme en témoigne le testament de Melchiorre Gulizia daté de 1755, qui légua une somme d’argent pour la réalisation de la statue du Rédempteur nécessaire à « lu ’Ncuentru » (la Rencontre) du dimanche de Pâques. Cet événement n’est donc pas récent, mais un rite ancien solidement enraciné dans l’identité des habitants.
L’ensemble des représentations est organisé par l’Association de la Semaine Sainte, soutenue non pas par des acteurs professionnels, mais par les habitants de Delia eux-mêmes, qui incarnent avec passion et dévotion les différents personnages.
Le financement provient d’une collecte traditionnelle porte-à-porte, du soutien de la municipalité et, de manière significative, des dons des émigrés demeurés très attachés à la fête de leur village.

Les rituels commencent le dimanche des Rameaux par la procession des Palmes, suivie, le soir, du prologue et de scènes telles que l’entrée de Jésus à Jérusalem, Offendo il ciel et la séparation.
Les représentations se poursuivent le mercredi avec le premier conseil, le plan de capture et la rencontre entre Marie et Madeleine ; le jeudi saint avec la Cène, l’oraison au Jardin des Oliviers, l’arrestation, le reniement de Pierre, les deuxième et troisième conseils et Hérode.
Le vendredi saint, consacré au drame de la Passion, se poursuit l’après-midi avec la flagellation et les émouvantes chutes du Christ sous le poids de la croix. Le samedi, on présente la rencontre entre Pierre et Judas, le repentir de Pierre, le désespoir de Judas et la Résurrection.

La Passion du Christ débute sur la place Sant’Antonio, le cortège arrivant de la place Madrice avec le Christ, couronné d’épines et portant sa croix, escorté de soldats. Le défilé, avec chevaux, chars, prêtres, centurions et soldats, se dirige vers le Calvaire.
Les chutes sont jouées en direct, l’acteur représentant Jésus tombant réellement au sol sous le poids de la croix, créant une scène d’une intensité poignante.
Le parcours se poursuit jusqu’à la rencontre avec le Cyrénéen, qui aide Jésus à porter le lourd fardeau.

La dernière partie se déroule sur la montée de la Via Calvario, jusqu’à la Piazza Croce, où se joue la Scinnenza, représentation de la Crucifixion et de la Descente de Croix, dans une atmosphère de forte émotion.
À la tombée de la nuit commence la procession de l’Urne, chef-d’œuvre sculpté par des artisans locaux contenant la statue du Christ mort, ramenée ensuite à l’église Mère.
La procession, accompagnée de la Vierge des Douleurs et de Saint Jean, traverse le centre du village au son des marches funèbres et des chants polyphoniques des lamentatori.
Autrefois, la procession se distinguait par le lent et solennel «pas de l’urne» - deux pas en avant, un pas en arrière - prolongeant la cérémonie jusqu’à tard dans la nuit.

Le matin du vendredi saint, une procession transporte l’urne jusqu’à l’église de la Croix, en préparation de la Scinnenza. Tout le parcours nocturne est rythmé par les voix des lamentatori, qui, à travers leurs chants, racontent la Passion, la mort du Christ et la douleur de Marie.

Le moment de joie et d’exaltation de la foi arrive le dimanche de Pâques avec «lu ’Ncuentru», la Rencontre, sur la Piazza Matrice.
La Vierge, portée par un comité de femmes, part de la Via Capitano Lo Porto, tandis que le Christ ressuscité, porté par un comité d’hommes, arrive de la Via Cavour. Les deux statues se rencontrent trois fois dans la liesse, devant l’église Mère. Après avoir embrassé sa mère, le Christ disparaît deux fois en courant le long de la Via Cavour.
L’après-midi, la cérémonie est répétée dans la Via Petilia, parallèle à la Via Cavour, où se trouvaient autrefois les demeures des notables de Delia.
Ce moment culminant de Pâques est accompagné de la fanfare Petiliana, qui répète le même thème musical, augmentant progressivement volume et rythme à l’approche du «baiser», puis ralentissant après la séparation.
Les tambours médiévaux et les drapeaux colorés de l’Association Folklore Petiliano enveloppent la scène d’une atmosphère profondément émotive qui unit toute la communauté sous le signe de ce baiser sacré.